Almadina Concept

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26.04.2010 – A l’ère du recyclage, les Français ont mis leurs bouteilles consignées à la casse

La Rubrique – L’Environnement :

 

            A l'ère du   

          recyclage, les

Français ont mis leurs

 bouteilles consignées à la casse

Le projet de loi "Grenelle 2" abordera la

gestion des déchets, du recyclage et de la consigne des bouteilles.

A partir du 4 mai, les députés examineront le projet de loi "Grenelle 2". Il y sera notamment question de la gestion des déchets, du recyclage et de la consigne. L'occasion de faire le point sur cette pratique qui fonctionne bien chez nos voisins européens... et stagne en France.

Le temps où l'on ramenait les bouteilles de vin, d'eau ou de lait chez le commerçant, en échange d'une autre bouteille ou de quelques centimes, semble un lointain souvenir. L'automatisation de la production industrielle, l'ère du supermarché et le concept du "tout jetable" ont supplanté le verre réutilisable. Pour Wiebke Winkler, chargée de mission au Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid), les années 1970 ont sonné la fin de la consigne. Dès lors, les emballages en verre (bouteilles, pots et bocaux) déposés dans les conteneurs ou les bacs de collecte sélective sont récupérés par les collectivités locales et réinjectés dans les fours verriers qui fabriquent de nouveaux contenants. Ce système de recyclage est financé depuis 1993 par les cotisations que versent les industries à Eco-Emballages - une entreprise privée, agréée par les pouvoirs publics - et à la filière verre.

Hors de l''Hexagone, recyclage et consigne cohabitent en bonne intelligence. En Belgique, les bouteilles de bière et de vin sont systématiquement rapportées, même si les cannettes non consignées gagnent du terrain. En Allemagne, la consigne, profondément ancrée dans la culture, est inscrite dans la gestion des déchets qui impose un quota minimal réglementaire de 72 % de bouteilles réutilisables. "En Norvège, 100 % des bouteilles sont recyclées", indique Florence de Monclin, conseillère pédagogique à la Fondation Nicolas Hulot. Même obligation aux Pays-Bas, en Suisse, au Danemark, en Suède, en Finlande, en Hongrie ou encore au Canada.

 

Alors, la France, à la traîne ? La consigne fait toujours partie des trois options proposées par la réglementation (fixée en 1992) aux industriels afin qu'ils contribuent à l'élimination des déchets. Mais dans la pratique, elle ne fonctionne que dans le secteur des cafés, hôtels et restaurants, doté d'une organisation ancestrale, et dans une seule région, l'Alsace. Pour Gérard Laloi, directeur des Brasseurs de France, "c'est possible parce que l'Alsace vend l'essentiel de sa production sur un petit territoire et dispose depuis toujours d'une organisation, d'un parc de bouteilles, de laveuses, etc. Mais ce n'est pas généralisable". Un avis partagé par Sylvain Pasquier, chargé de secteur à la direction consommation durable et déchets de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) : "La distance entre les lieux d'embouteillage et de distribution est centrale, précise-t-il. Ce qui est possible pour les brasseurs d'Alsace ne l'est pas pour les bouteilles Evian livrées à l'autre bout de la France."

 

La consommation des boissons alcoolisées baisse et la tendance, davantage basée sur la saveur et la diversification, rend difficile la production de bouteilles standard, seules concernées par la consigne. De plus, le verre consigné étant plus lourd, c'est aussi un facteur de dépenses plus importantes en carburant et en C02, pointe Sylvain Pasquier.

 

Autre argument, déjà avancé en 1999 dans un rapport réalisé par le sénateur du Lot, Gérard Miquel, et Serge Poignant, député de Loire-Atlantique : "Au-delà de l'intérêt environnemental, la généralisation de la consigne en Allemagne, par exemple, servirait une forme de protectionnisme des produits nationaux ."

 

Le débat est donc loin d'être tranché, mais l'Alsace avance et équipe les grandes surfaces de machines à consigner. Depuis 2009, les enseignes Leclerc de Colmar et Ribeauvillé se sont dotées de machines pilotes qui reconnaissent, par un système informatisé de caméra, les bouteilles. "Nous passons des accords avec les brasseries régionales et nationales, quelques marques d'eau plate, dont Evian, et même Coca-Cola, qui dispose d'un lieu d'embouteillage en Lorraine", détaille Bruno Ettwiller, le directeur des magasins Leclerc. "L'écologie rime avec pouvoir d'achat car le produit revient moins cher au client, jusqu'à 20 centimes d'euros en moins, insiste-t-il. C'est un investissement sur le long terme, moins onéreux au final que les dépenses de publicité."

 

Reste que les enseignes de proximité manquent de place pour installer machines et hangar de tri. Si de nombreuses initiatives isolées existent, preuves de l'intérêt des consommateurs, le retour de la consigne en France continue de se heurter à de nombreux obstacles et pourrait demeurer, longtemps encore, une bouteille à la mer !

Source : Le Monde



26/04/2010
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