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05.02.2010 - Contrainte à l'austérité, l'Espagne songe à repousser l'âge de la retraite à 67 ans

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Contrainte à l'austérité, l'Espagne songe à repousser l'âge de la retraite à 67 ans

 

Confronté à la rapide dégradation de ses finances publiques et au risque d'être, après la Grèce, en butte à la défiance des marchés financiers, le gouvernement espagnol a choisi de réagir. Le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero a présenté, vendredi 29 janvier, un plan d'austérité portant à la fois sur les dépenses de l'Etat, celles des collectivités locales et sur les régimes sociaux.

L'urgence est à la mesure des déficits qui se creusent. En excédent avant la crise de l'automne 2008, les finances publiques ont été déficitaires à hauteur de 11,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2009, contre 9,4 % dans les prévisions du gouvernement, a annoncé vendredi la ministre de l'économie, Elena Salgado. Le plan vise à économiser 50 milliards d'euros d'ici à 2013, sur les dépenses de l'Etat (40 milliards) et sur celles des collectivités territoriales (10 milliards). Dans la fonction publique, seul un départ sur dix sera remplacé en 2010. Pour cette même année, la réduction des dépenses devrait représenter 0,5 % du PIB. Le gouvernement a enfin annoncé qu'il proposera de porter de 65 ans à 67 ans l'âge légal de la retraite à partir de 2013. Un volontarisme qui témoigne de l'urgence de la situation.

Les syndicats pris de court

Depuis son arrivée au pouvoir en 2004, le chef du gouvernement s'était fixé pour principe de ne pas toucher aux régimes sociaux sans accord préalable des syndicats et du patronat. Cette fois, il les a pris de court. Vendredi, le chef de l'UGT, proche des socialistes, Candido Mendez, a jugé la mesure annoncée "très polémique, inscrite dans une vision à court terme" et "sans doute (destinée à) satisfaire les marchés financiers".

Avant de faire adopter cette réforme, le gouvernement devra sans doute batailler. Du côté des groupes parlementaires, seuls les nationalistes catalans de Convergence et Union se sont dits prêts à discuter. Le principal parti de l'opposition de droite, le Parti populaire, a jugé plus urgent d'encourager les Espagnols à ne pas anticiper leur retraite, comme c'est souvent le cas aujourd'hui : la fin réelle du travail se situe entre 62 ans et 63 ans en Espagne.

En raison d'un taux de natalité particulièrement faible (1,4 enfant par femme), la structure démographique de l'Espagne donne un caractère particulièrement urgent à la réforme des retraites. Le ministre du travail, Celestino Corbacho, a estimé, vendredi, que le système actuel de retraites ne serait viable que jusqu'en 2023. L'équilibre des régimes sociaux est aussi menacé par la montée en flèche du chômage. Fin 2009, il y avait 4,33 millions de chômeurs en Espagne, soit 18,83 % de la population active, le taux le plus élevé de la zone euro.

La crise grecque a fait naître un sentiment d'urgence en Espagne et au Portugal, que leurs déficits ont fort éloigné des critères du pacte de stabilité européen (3 % du PIB). L'Espagne craint de voir déteindre sur elle la crise grecque. "Il est clair que certaines des attaques contre la Grèce visent plus largement l'euro (...) derrière la Grèce, il y a le Portugal et l'Espagne", a assuré jeudi le premier ministre grec, Georges Papandréou.

Le secrétaire d'Etat espagnol à l'économie, José Manuel Campa, se rendra dans plusieurs pays européens début février pour tenter de rassurer les investisseurs internationaux sur l'état des finances espagnoles.

Source : Le Monde



05/02/2010
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