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29.04.2009 - La Grippe Porcine : Un virus qui joue à saute-frontières

La Rubrique – Eclairage :

 

LA GRIPPE PORCINE  :

Un virus qui

joue à saute-frontières

 

Devant l'inquiétante propagation de la maladie, les échanges d'informations et de savoir-faire restent le meilleur moyen pour l'enrayer.

Un panneau de prévention à l'aéroport international Incheon, Corée du Sud

On dit qu'un mensonge peut quasiment faire le tour du monde avant que la vérité commence à se faire jour. On pourrait en dire autant d'un virus grippal mutant. La grippe porcine qui se propage au Mexique depuis une quinzaine de jours a déjà atteint New York et la Nouvelle-Zélande. Et les autoritaires sanitaires cherchent désespérément à maîtriser cette nouvelle menace pour la vie humaine. Il y a un cruel paradoxe dans le fait que ce virus vienne du continent américain. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les gouvernements sont restés en état d'alerte pendant une bonne partie de la décennie pour faire face à une épidémie de grippe meurtrière qui proviendrait d'Asie. Le second paradoxe est que la grippe porcine s'est d'ores et déjà révélée plus mortelle que le virus H5N1 de la grippe aviaire, contre lequel on nous avait mis en garde. Elle a emporté au moins 152 vies au Mexique [au 28 avril] en l'espace de quelques semaines, soit près d'un tiers du nombre de victimes que le H5N1 a faites en une décennie. Et, à la différence de la grippe aviaire, la capacité du virus de se transmettre de l'homme à l'homme ne fait aucun doute.

Le Mexique est en état de confinement. Le président Felipe Calderón a ordonné la fermeture des écoles et l'isolement des malades. Des messes et des matchs de football ont été annulés. La majorité des bars et des restaurants de Mexico ont fermé leurs portes. L'OMS va décider dans les jours qui viennent de l'opportunité de recommander aux populations de ne pas se rendre au Mexique – une mesure qui avait déjà été utilisée en 2003, lors de l'épidémie de SRAS en Chine méridionale. Les effets d'une telle recommandation pourraient toutefois être insignifiants, étant donné que le virus a déjà dû se propager hors des frontières du Mexique.

Il est à noter que des incertitudes persistent autour du nouveau virus. Au Mexique, il a surtout contaminé de jeunes adultes possédant un système immunitaire résistant, ce qui est assez inquiétant car ce schéma est similaire à celui de la pandémie de grippe de 1918 [voir article ci-dessous]. Mais, aux Etats-Unis, le virus a principalement touché de jeunes enfants et il semble moins virulent. Il est possible que la gravité de la maladie au Mexique soit due à la propagation dans le pays d'un deuxième virus n'ayant aucun rapport avec le premier et moins apte à franchir les frontières. Il faut espérer que ce soit le cas. Mais cet espoir ne doit pas nous dispenser d'envisager le pire. C'est sans aucun doute l'avis de Margaret Chan, la directrice générale de l'OMS.

Fort heureusement, dans la mesure où les gouvernements et les autorités sanitaires se préparent depuis longtemps à une épidémie meurtrière de grippe aviaire, ils devraient être relativement prêts à faire face à ce nouveau danger. Il est essentiel que les gouvernements des pays contaminés se communiquent les informations dont ils disposent sur les foyers de la maladie. Le premier décès survenu au Mexique en raison de la grippe porcine remonte au 14 avril, mais les échantillons de mucus n'ont été envoyés au Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) que cinq jours plus tard. Si la procédure avait été plus rapide, les chances d'empêcher la propagation du virus auraient peut-être été plus grandes. Même si elle est effectuée collectivement, comme il est à souhaiter, la mise au point d'un vaccin contre la grippe porcine prendra du temps. D'ici là, la meilleure chose à faire pour les gouvernements sera d'acheminer des stocks d'antiviraux comme le Tamiflu dans les régions qui en ont le plus besoin.

L'essentiel est de mener la bataille ensemble. Faire appel à des mesures protectionnistes face à une pandémie de grippe serait tout aussi contre-productif que de limiter les échanges face à une récession mondiale. Notre meilleure défense contre la mondialisation de la maladie est une coopération mondiale.

Source : Le Courrier International

 



29/04/2009
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