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02.04.2009 - Eclairage : Bataille politique autour de la loi antipiratage

La Rubrique – Eclairage :

 

Bataille politique
autour de la loi antipiratage

 

Le gouvernementet les artistes se mobilisent pour défendre la loi Création et Internet, dite «Hadopi», de plus en plus décriée.

Une cinquantaine d'ar­tistes se sont réunis, lundi, au Théâtre de l'Odéon pour défendre la loi « Hadopi ». De gauche à droite, les cinéastes Jean-Claude Carrière et Alain Corneau , le musicien Didier Lockwood, le chanteur Sanseverino et le cinéaste Jean-Jacques Annaud

La tension monte. Avec le re­tour du texte de loi création et Internet lundi à l'Assemblée nationale, c'est un sujet hautement politique qui revient devant les députés. Décriée par un front d'opposants incluant Jacques Attali, les militants et jeunes de l'UMP et le Parlement européen, la loi «Hadopi» est défendue coûte que coûte par le gouvernement et la majorité des artistes. La ministre de la Culture, Christine Albanel, est en première ligne dans la bataille, et sa collègue Nathalie Kosciusko-Morizet, en charge du numérique, a même été accusée par Dailymotion de laisser un «courant de pensée anti-Internet» se développer dans la majorité.

Lundi, une cinquantaine d'ar­tistes, parmi lesquels Alain Corneau, Renan Luce, Jean-Jacques Anneau, etc., s'étaient réunis au Théâtre de l'Odéon pour dénoncer une nouvelle fois «le piratage qui n'est ni plus ni moins que du vol» et réaffirmer la nécessité de la loi «pour protéger les œuvres face au pillage».

Le sujet est complexe car il touche au financement même de toute l'industrie de la culture. «Mes films se financent à 60 % par la vente de DVD. Mais les ventes chutent de 10 % par an à cause du piratage. Il est impossible de faire aujourd'hui les films que je faisais il y a 15 ans», a résumé Jean-Jacques Anneau. Idem pour la musique.

De leur côté, les internautes fustigent un monde de la culture n'ayant pas su se réinventer et s'adapter aux nouveaux modes de diffusion, tout en dénonçant le côté «liberticide» de la loi. «L'Hadopi échouera parce qu'elle créera des injustices, qu'elle sera contournée de cinquante façons, qu'elle coûtera une fortune au contribuable, et qu'elle ne changera rien à la crise du disque. Cette loi va en outre déconnecter le gouvernement et les députés de la jeunesse», affirme Jérémie Zimmermann, cofondateur de La Qua­drature du Net, fer de lance de l'opposition à la loi.

Amende plutôt que coupure

Le Parlement européen a compliqué la tâche du gouvernement en adoptant jeudi un rapport selon lequel la coupure d'accès à Internet viole le droit à l'éducation. Le vote des eurodéputés «n'a pas de portée juridique», a réagi le rapporteur UMP du texte Franck Riester. Le PS, qui votera contre la loi, s'est au contraire «félicité» de cette décision, qui «réaffirme», selon lui, que l'accès Internet est «un droit fondamental».

Le point d'achoppement central de toute cette bataille concerne la coupure de l'abonnement Internet pour les pirates récidivistes. Pour sortir de l'impasse, les députés Patrice Martin-Lalande (UMP) et Jean Dionis du Séjour (NC) proposent une voie médiane en remplaçant la suspension de l'abonnement par une amende de 11 euros. Si cela ne s'avère pas efficace, alors la suspension de l'abonnement pourrait intervenir à partir du 1er janvier 2011. Une solution qui pourrait mettre tout le monde d'accord.

Source : Le Figaro



02/04/2009
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