05.04.2010 - Le Développement Durable : Plus de 400 climatologues en appellent à la Ministre
Plus de 400 climatologues en
appellent à la Ministre
L'initiative est sans précédent : plus de 400 chercheurs en sciences du climat ont adressé aux hautes instances de la science française, mardi 30 mars, un appel à sortir de leur mutisme face à ce que les signataires considèrent comme des "accusations mensongères" publiquement portées contre eux et à ce qu'ils interprètent comme des entorses répétées à l'éthique scientifique.
Adressé à Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, aux présidences du CNRS, de l'Académie des sciences et des principaux organismes publics de recherche, le courrier fait explicitement référence aux deux personnalités climato-sceptiques les plus médiatisées en France : le géochimiste et ancien ministre de l'éducation nationale Claude Allègre, ainsi qu'un de ses proches, le paléomagnéticien Vincent Courtillot, directeur de l'Institut de physique du globe de Paris, tous deux membres de l'Académie des sciences.
La présidence du CNRS n'a pas souhaité réagir, mercredi 31 mars, à ce texte. Pour sa part, Mme Pécresse a exprimé "toute sa confiance aux chercheurs en sciences du climat" et a précisé avoir saisi l'Académie des sciences de "l'organisation d'un débat scientifique serein, arbitré par les pairs" sur la question climatique.
"Depuis plusieurs mois, des scientifiques reconnus dans leurs domaines respectifs dénigrent les sciences du climat et l'organisation de l'expertise internationale (c'est-à-dire le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, ou GIEC), criant à l'imposture scientifique, comme le fait Claude Allègre dans L'Imposture climatique (Plon, 2010) pointant les prétendues "erreurs du GIEC", comme le fait Vincent Courtillot dans Nouveau voyage au centre de
Le dernier ouvrage de M. Allègre soutient la thèse d'une conspiration de chercheurs en sciences climatiques pour faire accroire l'idée de l'origine humaine du changement climatique. Quant à celui de M. Courtillot, beaucoup moins polémique, c'est un ensemble de réflexions sur les géo-sciences au sens large, du domaine de la "terre interne" à celui des questions climatiques.
Les signataires, qui appartiennent à des communautés diverses - physique de l'atmosphère, glaciologie, géochimie, géographie, océanographie - estiment que les déclarations publiques des deux géologues ne s'inscrivent pas dans le cadre d'un débat scientifique légitime. "(Leurs) accusations ou -affirmations péremptoires ne passent pas par le filtre standard des publications scientifiques, écrivent-ils. Ces documents, publiés sous couvert d'expertise scientifique, ne sont pas relus par les pairs et échappent de ce fait aux vertus du débat contradictoire."
"Leurs auteurs oublient les principes de base de l'éthique scientifique, rompant le pacte moral qui lie chaque scientifique avec la société", ajoutent les quelque 400 pétitionnaires, parmi lesquels l'historien du climat Emmanuel Leroy-Ladurie, le glaciologue Claude Lorius, médaille d'or du CNRS, ou encore le géophysicien belge André Berger, président honoraire de l'Union européenne des géosciences et membre étranger de l'Académie des sciences française.
"Ulcérés"
Le texte devait demeurer confidentiel et n'être adressé que le 6 avril à ses destinataires. Une fuite dans la blogosphère, le 30 mars, a précipité le calendrier. "Nous avons été pris de court, mais nous sommes en train de finaliser un document d'une cinquantaine de pages qui sera remis aux destinataires le 6 avril avec la liste définitive des signataires et qui recensera l'ensemble des erreurs contenues dans L'Imposture climatique, Nouveau voyage au centre de
Plusieurs chercheurs étrangers - Carl Wunsch (Massachusetts Institute of Technology), Sami Solanki (Institut Max-Planck de recherche sur le système solaire), Gerd Wendler (université d'Alaska) ou Dennis Hartmann (université de Washington) - se sont déjà émus de voir leurs travaux ou leurs idées travestis dans l'ouvrage de M. Allègre. Interrogé par Libération, le paléoclimatologue suédois Hakan Grudd (université de Stockholm) accuse même l'ancien ministre d'avoir repris dans son livre, en la truquant, une de ses courbes, publiée en 2008 dans la revue Climate Dynamics. La glaciologue britannique Louise Sime (British Antarctic Survey) a également dénoncé une exploitation "incorrecte" de ses travaux.
Claude Allègre avait répondu au quotidien que son ouvrage était "avant tout politique". "Toutes les courbes (y) sont redessinées, a-t-il ajouté. Il y a donc des inexactitudes ou même des exagérations par rapport aux originaux. C'est un choix éditorial."
Invités à réagir, MM. Allègre et Courtillot n'ont pas répondu aux sollicitations du Monde. Dans Libération, l'ancien ministre affirme que cette pétition est "nulle et stupide". C'est "une réaction de gens qui voient que mes idées gagnent du terrain et qui s'affolent", poursuit-il. Selon M. Allègre, son dernier ouvrage s'est vendu à plus de 120 000 exemplaires.
Source : Le Monde
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