11.08.2012 : Les blouses blanches sont des nids à microbes
Les blouses blanches sont des
nids à microbes
En ne changeant de blouse que tous les deux jours, on multiplie par trois le risque de véhiculer des bactéries résistantes.
Plus de 40 % du personnel soignant porte deux jours de suite la même blouse.
Finalement, les patients qui sont atteints du syndrome de la blouse blanche ont peut-être raison d'avoir peur des médecins. Des chercheurs du service de maladie infectieuse de l'hôpital Shaare Zedek de Jérusalem, emmenés par Yonit Wiener-Well, ont planché sur la question de la propreté des blouses des personnels soignants. Les résultats de leurs travaux ne vont pas rassurer ceux qui ont peur d'aller à l'hôpital. Publiés dans la revue spécialisée l'American Journal of Infection Control, ils mettent en avant que les uniformes des médecins des hôpitaux sont infestés de bactéries voire qu'ils sont une source d'infections nosocomiales résistantes aux antibiotiques.
Les auteurs de cette étude ont passé à la loupe des microscopes les blouses de 135 praticiens : 60 médecins et 75 infirmières. Parmi eux, 60 % travaillaient dans les services de chirurgie et 40 % en médecine interne (orthopédie, urologie, ophtalmologie et cardiologie). Des empreintes ont été effectuées à différents endroits des vêtements puis placés à 35 °C pendant quarante-huit heures, en cultures. Deux prélèvements ont été effectués par blouse : autour du nombril et au bout des manches (quand les uniformes comportaient des manches longues) ou sur les poches quand il s'agissait de manches courtes. Pour les tenues de bloc opératoire, une seule empreinte a été réalisée, ces tenues ne comportant ni poches ni manches. Résultat : la moitié des prélèvements étaient contaminés. Sur la totalité des échantillons, 40 % étaient porteurs d'une bactérie pathogène et 10 % étaient porteurs de deux ou trois bactéries pathogènes. Si les infirmières sont autant vecteurs de germes que les médecins, ce sont néanmoins elles qui récupèrent le plus de bactéries résistantes aux antibiotiques. Enfin, sur les 238 prélèvements réalisés, les auteurs de l'article ont relevé 32 cas de staphylocoques dorés résistant aux antibiotiques.
Le risque dépend du lavage
L'élément le plus intéressant dans cette publication qui ne manquera pas de faire réfléchir : presque 60 % du personnel soignant qui a participé à cette étude a indiqué changer d'uniforme chaque jour. Ce qui signifie que plus de 40 % mettent leur blouse au moins deux jours de suite ! Or 29 % de ceux qui changent de blouse tous les deux jours sont porteurs de germes contre 8 % de ceux qui en changent quotidiennement.
En se changeant tous les deux jours, on multiplie par trois le risque de véhiculer des bactéries résistantes. Peu importent l'âge, le grade et l'expérience du porteur de blouse, le risque tient à la fréquence du lavage. L'article précise qu'en Israël, 60 % du linge est lavé à l'hôpital, le reste est nettoyé au domicile du personnel. Autrement dit, les normes de température de lavage et la séparation des tissus ne sont pas assurées. En France, la fréquence de nettoyage des uniformes des médecins et des infirmières n'est pas arrêtée. «Tout dépend des hôpitaux, il n'y a pas de règle», explique le Pr Vincent Jarlier, du laboratoire de bactériologie-hygiène à la Pitié-Salpêtrière (Paris). Une situation qui pose question quand on sait qu'un seul gramme de matière fécale représente 1 000 milliards de bactéries.
Source : Le Figaro
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