Almadina Concept

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14.07.2009 - A Méditer : "La crise nous oblige à inventer de nouvelles manières de faire la ville"

La Rubrique – Le Développement Durable :

 

A Méditer :

 

"La crise nous oblige à inventer de nouvelles manières de faire la ville"

 

Par : Isabelle Baraud-Serfaty,

Maître de Conférences à Sciences Po

Isabelle Baraud-Serfaty est maître de conférences à Sciences Po, au sein du master "Stratégies territoriales et urbaines". Elle a dirigé des projets immobiliers pour la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et pour le groupe financier néerlandais ING. 

Elle décrit l'impact du séisme économique sur les projets urbains aux Etats-Unis ou dans les pays en développement et appelle à une meilleure coordination entre acteurs publics et privés, tous en mal de financement.

Image : Ass Régionale Almostakbal/ L’Avenir - Kénitra

Kénitra – Royaume du Maroc : L'Urbanisation Archaïque et Spéculative sans vision aucune, ne respectant ni les normes en matière d’urbanisme, ni les spécificités de la Nation Marocaine : La folie de la grandeur !!!

Avec les graves conséquences : les sérieuses menacent qui pèsent sur les importantes ressources hydriques alimentant les populations de l’axe Kénitra / Wilaya de Rabat-Salé et la destruction massive de la Mémoire Collective.

Légende de l’Image : Ass Régionale Almostakbal/ L’Avenir - Kénitra

Quelles sont les villes qui ont le plus fortement subi la crise financière ?

D'abord les "boom towns", qui se sont développées sans rapport avec les besoins réels de logement, sous l'effet d'une bulle immobilière gonflée par des produits financiers attractifs, comme les crédits hypothécaires à risque américains (les subprimes) et les mécanismes de défiscalisation type De Robien en France.

Ensuite, les villes dont le tissu économique est très dépendant d'un seul secteur d'activité, comme l'automobile, le tourisme ou la finance, dont la défaillance entraîne une spirale catastrophique.

Enfin les territoires où se concentrent les populations les plus misérables, les villes des pays en voie de développement (PVD), les banlieues défavorisées, fragilisées par la paupérisation de leurs habitants, la désaffection du secteur privé et le recul de l'investissement public.

En quoi la crise a-t-elle un impact sur la forme des villes ?

Le modèle de l'étalement urbain est ébranlé, notamment aux Etats-Unis. Beaucoup de quartiers pavillonnaires sont issus des logiques financières spéculatives et sont pris dans une spirale infernale : les maisons saisies ou abandonnées sont vandalisées, se délabrent, et l'ensemble du quartier se dévalorise très rapidement. Il suffit que 3 % ou 4 % des emprunteurs d'un quartier soient défaillants pour que les prix de l'ensemble des maisons baissent plus que la moyenne.

Certains quartiers sont devenus des villes fantômes. A Las Vegas, 16 % des logements locatifs sont vacants. A Detroit, dont la population a été divisée par deux depuis 1950, un tiers de la ville est aujourd'hui vide et inutilisé, soit la surface de San Francisco ! 16 millions de dollars, 30 % de l'aide fédérale obtenue par la ville, vont être alloués à la démolition de maisons en ruine.

Est-ce la fin de la surenchère à laquelle se sont livrées les villes ?

Les grands projets qui avaient été encouragés par la financiarisation et la mise en compétition des villes sont remis en cause : Jeux olympiques - ceux de Londres en 2012 deviennent un casse-tête financier -, grands musées, vastes extensions portuaires, etc. Les chantiers de nombreux gratte-ciel et grands équipements ont été arrêtés.

Mais la crise malmène aussi les projets urbains complexes, qui mixent logements et activités, plus difficiles à financer. Promoteurs et investisseurs immobiliers revoient leur stratégie au profit de projets plus modestes, plus conformistes et, surtout, moins risqués.

Les collectivités publiques peuvent-elles prendre le relais ?

Difficilement. Les acteurs privés ont été les premiers touchés, mais la crise fragilise tout autant les villes. C'est une bombe à retardement pour les finances locales. Les recettes liées aux droits de mutation baissent fortement, tout comme la taxe professionnelle, même si on ne percevra ce phénomène qu'avec retard. Dans le même temps, la crise pèse sur les dépenses, notamment sociales, là aussi avec un effet retard qui masque la gravité de la situation. Et les collectivités ont plus de mal à trouver des financements sur le marché du crédit.

L'enjeu désormais va être de répondre aux défis urbains avec à la fois moins de public et moins de privé. La crise nous oblige à inventer de nouvelles manières de faire la ville, en permettant une meilleure articulation des secteurs public et privé, qui restent très cloisonnés. Le développement durable peut être un bon levier : il oblige à penser très en amont tous les aspects d'un projet.

Source : Le Monde



14/07/2009
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