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03.05.2010 . L'Environnement - L'Indonésie : La mangrove renaît à Pahawang

La Rubrique – L’Environnement :

                                      A Méditer :

La mangrove renaît à Pahawang

Les habitants d'une petite île au sud de Sumatra ont constaté les dégâts occasionnés par la disparition des palétuviers. Ils s’organisent pour tenter d’inverser le mouvement, avec un certain succès.

Les plantations de mangrove s'étendent en Indonésie

Ce dimanche midi d’avril, des dizaines d’enfants de l’île de Pahawang, dans la baie de Lampung (au sud de l’île de Sumatra, en Indonésie), s’activent joyeusement à replanter de jeunes palétuviers. La boue dans laquelle ils pataugent jusqu’aux genoux et les moustiques vecteurs du paludisme qui zigzaguent entre les feuillages de la mangrove ne réduisent en rien leur ardeur. Tous sont des élèves de l’école primaire publique de Pahawang et membres du groupe des "enfants pour la protection de la nature".

 

Dans la région de Lampung, l’histoire exemplaire des gens de Pahawang qui ont entrepris de sauver leur mangrove est sur toutes les lèvres. Cette île, de 1 040 hectares et 1 665 habitants, est même en train de devenir un laboratoire d’initiatives de sauvegarde du milieu insulaire et littoral.

 

Il y a quelques années, la mangrove et les récifs de coraux de Pahawang étaient aussi dégradés que tous ceux de la région côtière, un désastre dû au déboisement sauvage commencé en 1975 et à la pêche à l’explosif très en vogue à la fin des années 1990. Si bien que dès les années 1980, Pahawang est devenue la région de l’Indonésie la plus touchée par le paludisme, après la Papouasie [province indonésienne, partie occidentale de la Nouvelle-Guinée] . "Comme leur habitat était détruit, les moustiques paludéens (Anopheles) ont pénétré dans l’intérieur des terres où se trouvent les habitations. Et ce n’est pas tout. L’érosion de la côte provoquée par la disparition de la mangrove faisait que la mer arrivait parfois jusque dans nos cuisines", raconte Syahril Karim, un représentant des habitants de Pahawang.

 

Lentement, forts de ces expériences amères, les gens de Pahawang ont commencé à faire eux-mêmes le ménage devant leur porte, soutenus dans leur action par l’ONG Mitra Bentala. Salim, 36 ans, autrefois fervent adepte de la pêche à l’explosif au milieu des récifs de coraux, se consacre aujourd’hui à replanter les palétuviers. Terrifié par le tsunami à Aceh [130 000 morts en 2004], dont l’impact meurtrier a été largement dû à la disparition de la mangrove, il espère qu’une telle catastrophe ne se produira jamais dans son village. "Si ce n’est pas nous qui agissons, qui d’autre bougera ?" s’interroge Isnen Hayani, 38 ans, autre îlien qui a pris sur lui de veiller sur la préservation de 30 hectares de coraux.

 

Depuis que ce mouvement de citoyens a été initié, il y a douze ans, les changements sont saisissants. Une bonne partie du littoral de l’île, jadis complètement déboisée et transformée en tout-à-l’égout, commence à reverdir. La plage, autrefois jonchée d’ordures, est désormais immaculée et la mer d'un bleu limpide. Afin de consolider leurs actions, les gens de Pahawang ont fondé un conseil pour la conservation de la mangrove, qui a délimité des zones protégées dont l’accès est interdit sans autorisation.  "Si quelqu’un transgresse l’interdit et abat un arbre, il est aussitôt réprimandé par le conseil et doit en replanter dix. Nous avons réussi à faire entériner cette mesure par le gouvernement cantonal", explique Kamaludin, le chef des villages de Pahawang.

 

Conscients que l’avenir de leur île repose sur les jeunes générations, les instituteurs et les directeurs des écoles publiques de Pahawang ont décidé d’inscrire au programme scolaire la sauvegarde du littoral et de la mer. "Depuis l’année dernière, chaque samedi, les enfants de CE2 étudient la mangrove, ceux de CM1 les coraux et ceux de CM2 le recyclage des ordures. Et tous les dimanches, ce sont les travaux pratiques, sur le terrain", raconte Endro Sucipto, un bénévole de l’ONG Mitra Bentala.

 

Aujourd’hui, les gens de Pahawang ne craignent plus les catastrophes environnementales. Ils ne cherchent plus à s’exiler sur la terre ferme (à Sumatra). Quant aux moustiques paludéens, ils ne viennent pratiquement plus jamais les importuner dans leur maison. Tout cela n’est pas un miracle.

Source : Le courrier International



03/05/2010
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