Almadina Concept

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09.07.2008 : La Rubrique - Le Consommateur : Antennes relais de la téléphonie mobile et santé des citoyens

La Rubrique – Le Consommateur :

Antennes relais de la

téléphonie mobile

et santé des citoyens ?

Par : Zouhair Mouayn

En 2003, au Maroc, j'ai lu dans le quotidien ALBAYANE (1) ce qui suit: les radiations provoquées par les relais du réseau du téléphone mobile installés sur les immeubles n'ont aucun effet sur la santé des citoyens, a indiqué M.
Rachid Talbi ALAMIl, ministre de l'industrie, du Commerce et des Télécommunications. Le ministre a souligné que les études réalisées au
niveau international
«n'ont pas permis jusqu'à présent, d'établir la preuve de l'existence d'effets nocifs des radiations provoquées par les relais du réseau du téléphone mobile sur la santé des citoyens».

 

En 1996, un document (2) émanant du Gouvernement Australien avait fait état de mesures effectues à 250 mètres d'une station relais de téléphonie mobile,
à l'extérieur et à l'intérieur d'une école. Les valeurs trouvées allaient de 15 microwatt/cm2 à 45 microwatt/cm2. Selon ce rapport, des personnes
habitant à 200 mètres d'une station relais se plaignaient de troubles divers tels que ménopause prématurée, fatigue chronique, perturbation de sommeil, allergie multiple, etc.

 

Une étude publiée en 1998 dans un Journal Médical Australien (3) avait indiqué un lien possible entre l'augmentation du nombre de tumeurs cérébrales dans l'ouest Australien (de 1982 à 1994) et la croissance de la
téléphonie mobile dans la population.

 

Les normes ou limites d'exposition: 41,2 volts/m pour 900 MHz et 58 volts/m à 1800 MHz (en dessous desquelles l'effet des radiations GSM est inoffensif pour la santé) fixées en 1998 (4) par l'ICNIRP ( International Commission on Non Ionizing Radiation Protection)  et adoptées par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ont fait objet de critiques, et continuent à l'être, dans plusieurs rapports rédigés par des experts indépendants, ou organismes n'émanant pas du milieu de l'industrie de l'électricité et des télécommunications.

 

Ces les limites ont été fixées sur la base des niveaux d'intensité des radiations électromagnétiques produisant des effets thermiques, à laquelle des facteurs de sécurité ont été rajoutés. En ce sens, les évaluations du risque, aussi bien celle de l'OMS que celle de l'ICNIRP (sur la base desquelles le Conseil de l'Union Européenne a publié le 12 juillet 1999 ses recommandations) ne tiennent, en bonne partie, qu'aux effets thermiques des
micro-ondes, qui sont perceptibles, et non à leurs effets non thermiques sur le long terme. D'autre part, abstraction faite des effets non thermiques, les facteurs de sécurité adoptés par l'OMS ont été jugés insuffisants (5).

 

Des effets non thermiques ont été observés à de bas niveaux d'énergie et ont été appelés, pour des raisons de communication avec le public «low intensity biological effects» lors du Workshop organisé en Autriche le 25-26 octobre 1998 par l'Université de Vienne sous le thème 'Mobile Phone and Health'. Workshop au cours duquel le Professeur Lebrecht von Klitzing de l'Université
Médicale de Luebeck en Allemagne a présenté un travail dont je cite quelques lignes:
One explanation for why the bioeffects of electric, magnetic and electromagnetic fields are being discussed so controversly is the ignorance towards the biocybernetic system of man… At extremely low energy levels frequency dependent influences on biofunctions lead to additional effects,
which can not be explained by generaly and well known physical laws
.

 

En Juin 2000, Le Professeur Neil Cherry de l'Université Lincoln en Nouvelle Zélande a souligné l'impact génotoxique des radiations électromagnétiques dans un document intitulé 'Evidence that electromagnetic radiation is genotoxic. The implication for epidemiology of cancer and cardiac, neurological and reproductive effects'.

 

En 2000, en France, le Professeur Roger Santini de l'Institut National des Sciences Appliqués de Lyon (expert pharmacologue-toxicologue et auteur depuis 1979 de publications sur les effets biologiques des ondes
électromagnétiques) a publié dans les Editions Scientifiques et Médicale Elsevier SAS un document intitulé  'Danger des téléphones cellulaires et de
leurs stations relais '. Il mentionne les principaux effets biologiques: fatigabilité, irritabilité, céphalées, nausées, anorexie, auxquels peuvent être associés des effets cardiovasculaires (bradycardie, tachycardie, hyper
ou hypotension, etc.), somnolence, insomnies, etc.

 

Dans un document publié en 2001 dans Revue du Praticien, R. Santini passe en revue les effets du syndrome des micro-ondes (effets décrits dès les années
60 par des chercheurs des pays de l'Est) et ajoute: difficulté de concentration, manifestations cutanées (allergies, eczéma, psoriasis), modifications de la formule sanguine (taux élevé de lymphocytes), perturbations de l'électroencéphalogramme et atteinte d'organes des sens
(vision, ouie, odorat). Il recommande de limiter  l'exposition suivant une norme de  0,614 volt/m.

 

En novembre 2004, en Allemagne, lors d'un congre organisé sous le thème 'les champs RF peuvent-ils augmenter le risque de Cancer ?', des études positives
ont été exposées. Citons: Lai et Singh pour génotoxicité chez l'animal, Rapacholi et coll. pour la cancérogenèse chez la souris transgénétique et Hardell et coll pour l'épidémologie des cancers (6).

 

Le thème de l'hypersensibilité due aux champs électromagnétiques a été l'objet du congres organisé en octobre 2004 en République Tchèque. De nombreuses recherches sur ce thème sont actuellement en cours surtout en Suisse, en Italie, en Autriche, en grande Bretagne, et d'autres pays de l'Europe.

 

On peut donc conclure que si certaines personnes responsables se veulent rassurantes et estiment qu'il n'y a pas de péril dans cette affaire, ce n'est pas, en tout cas, l'avis de certains scientifiques.

 

Au fait, toute norme d'exposition à un agent externe, tel qu'un rayonnement électromagnétique de fréquence infra-optique, est nécessairement provisoire, ne pouvant refléter que l'état actuel des connaissances, ne traduisant pas le continuum qui existe vraisemblablement entre le risque négligeable et le risque préoccupant. Il en résulte que ce  débat va durer … ?

 

Il y a un donc risque à courir en soumettant la population  à une exposition dont les seuils relatifs aux effets pathogènes ne seront approuvés par le monde entier que dans dix, quinze ou vingt ans…

 

Les appels lancés par les scientifiques et les gens préoccupés par les répercutions de la «mobilophonie en croissance» sur la santé traduisent conscience et vigilance à l'égard de ce risque.   En 2OO4, en Finlande, les scientifiques réunis à Helsinki ont appelé le Parlement Européen à agir afin d'adopter de nouveaux standards de sécurité et de poursuivre le financement de l'étude REFLEX, portant sur l'impact génotoxique (impact sur l'ADN). L'appel Freienbach lancé le 25 Septembre 2005 par des médecins, praticiens, et personnes travaillant pour la santé humaine en est aussi un exemple.

 

En Belgique, les ministres fédéraux et régionaux ont décidé le 04 décembre 2000 d'adopter un facteur de précaution 4 fois plus élevé que ce lui de la norme OMS en la matière. Cette décision fut le point n°6 d'un rapport
adressé au Roi des Belges, Albert II. Rapport dans lequel a été souligné: «le problème principalement évoqué à propos des stations concerne le fait que ces antennes émettent des rayonnements électromagnétiques de manière continue auxquels la population est exposée 24 heures sur24, qu'on utilise ou non un GSM». Le 29 avril 2001, un Arrêté Royal a fixé une limite d'exposition dont l'équivalent en termes d'intensité du champ électromagnétique revient à 20,6 Volt/m à 900 MHz. Mais selon les auditions faites en 2005 par la Commission de l'Environnement du Parlement Bruxellois, il ressort que le Conseil Supérieur d'hygiène (CSH) prône toujours 3 Volt/m, norme qui tient compte des incertitudes liées à
l'exposition de personnes éventuellement sensibles et/ou faibles sur le plan génétique (enfants et fœtus) tout en appliquant le principe ALARA (Aussi faible que raisonnablement atteignable) (5).

 

En France, il y a quelques mois une proposition de loi a été  déposé à l'Assemble Nationale Française par des représentants de toutes les tendances politiques démocratiques pour proposer la norme de 0,6 volt/m. Ce texte propose aussi la publicité obligatoire du niveau d'émissions de chaque GSM, l'interdiction de vendre des GSM spécialement conçus pour enfants,… De plus,
une distance d'éloignement des habitations et des lieux sensibles est fixée à 300 mètres, avec possibilité de dérogation à 100 mètres en milieu urbain.

 

Enfin, Il y a un principe de précaution ou d'évitement prudent qui sous entend le droit des citoyens à la protection en cas de danger probable. De plus, la mise en œuvre d'un tel principe montrera que le principe N°15 de la Déclaration de RIO sur l'Environnement et le  Développement en juin 1992: "Pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être
largement appliquées par les États selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption
de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement" n'a pas été perdu de vue.

 

En ce sens, il serait souhaitable  de prendre en considération ce qui suit :

 

- Ordonner le démantèlement de toutes les antennes relais de la téléphonie mobile  placées sur les habitations et ce en cas de plaintes des riverains.

 

- Exiger des opérateurs de la téléphonie mobile, sous peine de nullité, d'informer personnellement et préalablement les habitants concernés.

 

- Réviser les standards techniques des téléphones sans fil dans le but de réduire l'intensité  des rayonnements à des niveaux respectueux vis-à-vis de l'atteinte de la santé et de limiter la durée de conversation, et éviter la
pulsation dommageable à la santé produite par le standard DECT.

- Veiller au respect des normes d'exposition avec des seuils de sécurité sanitaire en tenant compte des différentes catégories de populations et sites (public général, zone de séjour prolongé y compris palais, bidonvilles, hôpitaux, hôtels, écoles, établissements universitaires, site à antennes multiples,…)

 

- Informer le public à proximité d'une antenne de téléphonie mobile sur la direction de rayonnement principale ou faisceau de l'antenne et sur la
puissance fournie à cette antenne ainsi que le gain de celle ci.

 

- Informer la population, spécialement les utilisateurs du portable, des risques sur la santé que provoquent les rayonnements non ionisants (RNI)

 

- Inciter la population à un usage plus prudent (conscient) de la téléphonie mobile; limiter l'usage par les enfants et les adolescents

 

- Informer les citoyens sur les risques des rayonnements également pulsés des systèmes sans fils Wi-fi pour les réseaux d'ordinateurs et téléphones portables.


 - Préparer l'avenir en mettant en place rapidement un Conseil  Indépendant pour la Recherche Scientifique en Bio-Environnement des Radiations Non Ionisantes pour assurer la vigilance technologique en ce domine
(toxicologie, épidémiologie, Champs électromagnétique, RF, GSM, UMTS,…)

 

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Références: 
 
(1)
   ALBAYANE, n°8589, 11-12 janvier 2003.
 

(2)   Mobiles phones and their transmitter base stations. The evidence for health hazards. Emfacts information service, 1996.

 

(3)   MJA 1998. n°168: 48 Brain tumours and mobile phones.  J.A. Davidson.
 

(4)   ICNIRP, EMF guidelines, Health Physics, n°74, 494-522, 1998.

 

(5)   Antennes GSM et normes de rayonnement électromagnétique : l'état de la question, Xavier Desgain et Michel Geerts, décembre 2005.

 

(6)   Rapport à l'AFSSE (agence française de sécurité sanitaire
environnementale) sur téléphonie mobile et santé, Edition 2004-2OO5.

 



09/07/2008
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