18.08.2008 - A Méditer ... : La crise de l'eau frappe durement les Palestiniens
La Rubrique – Eclairage :
La crise de
l'eau frappe
durement les Palestiniens
Uri Shani, un universitaire qui préside aux destinées de
Le lac de Tibériade, qui fournit un tiers de la consommation nationale, a atteint sa ligne rouge (
Uri Shani a déjà prévenu que les prochaines années risquaient d'être pires. Une série de mesures ont été et vont être prises. L'arrosage public pourrait être interdit dès l'an prochain. « Israël deviendra jaune et il faudra apprendre à nager dans des piscines vides », a prévenu Uri Shani. Les quantités d'eau utilisées par l'agriculture seront réduites d'un tiers. Une campagne nationale a été lancée pour inciter la population à économiser l'eau. Son prix va augmenter. Depuis quatre ans, il pleut de moins en moins. Pour l'année 2008, le déficit prévu sera de 350 millions de mètres cubes. Et la consommation domestique augmente de 4 % par an.
Le manque de pluie frappe aussi durement
B'Tselem, organisation israélienne de défense des droits de l'homme, lance un cri d'alarme, indiquant que 20 % de la population de Cisjordanie n'est pas connectée au réseau et que les réserves de l'hiver sont épuisées. « J'ai demandé 8 millions de mètres cubes supplémentaires à Mekorot. Ils m'ont été refusés », s'inquiète Shaddad Al-Attili, responsable de
A Gaza, « c'est catastrophique », raconte M. Al-Attili, qui explique que la nappe phréatique est à un niveau critique, qu'elle est totalement polluée par l'eau de la mer et par les rejets des eaux usées qui ne sont pas traitées. « Seuls ceux qui ont les moyens peuvent s'acheter un appareil pour purifier l'eau. On va au-devant d'une catastrophe sanitaire », s'alarme Ayman Rabie.
L'eau est un enjeu majeur des négociations entre Palestiniens et Israéliens pour la création d'un Etat palestinien. Le processus d'Oslo avait laissé cette question capitale de côté. Les Israéliens consomment 3,5 fois plus d'eau que les Palestiniens et contrôlent complètement les ressources en eau de
Shaddad Al-Attili avoue son impuissance. « Il n'est pas possible de creuser un puits sans l'autorisation d'Israël et les accords ne sont donnés que pour le bassin oriental, le plus profond, et quelquefois pour celui du nord, le moins fourni. Pour la nappe occidentale, la plus importante, c'est impossible. Or notre population a doublé depuis que l'Autorité palestinienne a été créée et notre allocation en eau est toujours la même. Nous mourrons de soif alors que les Israéliens pensent seulement à réduire leur consommation ». Les Palestiniens veulent que leur eau leur soit rendue. « Israël alloue seulement 20 % de l'eau puisée en Cisjordanie et empêche
Ayman Rabie raconte : « Il faut des permis pour creuser des puits à une profondeur requise, entreprendre des réhabilitations du réseau, construire un réservoir, commander des pompes ou des tuyaux. Et ces derniers ne doivent pas être d'une largeur supérieure à
Non seulement l'eau est rare, mais celle qui est utilisée souille les paysages et le sous-sol, car Israël ne donne pas d'autorisation pour la construction de centres de retraitement. 90 % des effluents sont rejetés non traités.
Shaddad Al-Attili enrage car, depuis plusieurs années, il ne peut utiliser l'argent alloué par la communauté internationale pour construire les unités de traitement des eaux. L'Agence française de développement a, par exemple, engagé 50 millions d'euros pour des projets qui restent gelés faute d'un accord israélien. « En fait, dit Ayman Rabie, nous aurions le feu vert si les colonies étaient autorisées à se connecter sur le réseau de retraitement des eaux, ce qui reviendrait à légaliser leur existence ».
A l'avenir, Israël va devoir non seulement répartir l'eau plus équitablement mais aussi trouver des ressources supplémentaires pour éviter une pénurie croissante. En 2001, une commission de
L'objectif était d'atteindre la production de 400 millions de mètres cubes en 2006. Aujourd'hui, 130 millions de mètres cubes proviennent de trois usines. Trois autres vont permettre d'augmenter la capacité à 500 millions de mètres cubes, en 2012, et 750 millions, en 2020. Il est aussi prévu de favoriser le retraitement des eaux usées qui alimentent en bonne partie l'agriculture.
Mohsé Perlmutter, de la société de protection de la nature, pense que « le plan d'urgence vient trop tard » et annonce des lendemains difficiles pour Israël. Surtout si les Palestiniens exigent le contrôle de leurs ressources en eau.
Source : Le Monde
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