Almadina Concept

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30.09.2008 - A Méditer . . . : La Crise Financière - Le cadeau aux banques explose au Capitol !

La Rubrique – A Méditer . . .

La Crise Financière :

Le Cadeau aux Banques

Explose au Capitole ! 

Stupeur !

 

La Chambre basse américaine a rejeté le plan de 700 milliards de dollars. Le compte à rebours s’est terriblement accéléré. Les élections américaines brouillent le jeu. En l’absence d’une intervention massive de l’Etat, le secteur privé sera appelé à la rescousse.

Impact jusqu'en Asie.

Une fois de plus, on pensait l’affaire sous toit. Hier matin, républicains et démocrates américains semblaient avoir trouvé un compromis pour accpeter, si ce n’est de bon cœur, tout du moins par raison, le fameux plan de sauvetage de 700 milliards de dollars destiné au secteur financier de Wall Street (lire ci-contre). Or, ce fut le coup de théâtre! La Chambre des représentants (l’équivalent du Conseil national suisse) a refusé hier soir d’offrir ce que la majorité des élus a visiblement considéré comme un chèque en blanc aux banquiers de Wall Street. Par 228 voix contre le plan de sauvetage et 208 pour, ce dernier a ainsi été repoussé aux calendes grecques.

«C’est vrai, tout s’est compliqué du fait des élections américaines à venir, lors desquelles les citoyens ne doivent pas seulement élire un président, mais également renouveler leurs représentants à Washington, confie ce Suisse résidant à New York depuis des années. Nombre de parlementaires n’ont dès lors pas voulu se distancier de leur électorat, très hostile à ce cadeau royal offert par George W. Bush à un système financier criminel.»

       Colère des contribuables

C’est un fait: si 60% des représentants républicains ont voté contre l’intervention de l’Etat – à la fois pour des raisons dogmatiques (l’Etat n’a pas à sauver le secteur privé), mais aussi pour la défense du petit contribuable – la surprise est venue du camp démocrate: plus de 40% de ses élus se sont opposés à ce don de 700 milliards de dollars. Et pour cause. Les cols bleus, entendez par là la classe ouvrière américaine, auraient dû passer à la caisse, comme tout contribuable. L’augmentation d’impôts oscillerait ainsi entre 3000 et 5000 dollars par année pour la classe moyenne et par personne. «Ce plan, ajoute notre interlocuteur, a été rejeté par une majorité d’élus parce qu’il fait payer le contribuable lambda et ne donne en outre aucune garantie au petit propriétaire qu’il pourra conserver sa maison.»

Beaucoup! Beaucoup trop pour un seul pays. Cette mauvaise nouvelle s’est immédiatement propagée sur la planète financière, comme à l’accoutumée. Dans les minutes qui ont suivi, la Bourse brésilienne de São Paulo a chuté de 10% et a dû suspendre ses opérations durant une demi-heure, le temps pour les courtiers de revoir les ordres d’achat et de vente. Pire: le Dow Jones est immédiatement parti à la baisse, comme le Nasdaq. Ils ont plongé le premier de… près de 7%, le second de plus de 9%. Et pour cause.

         Les jours sont comptés

Depuis une semaine, les marchés ont vécu avec la certitude qu’une solution à l’hémorragie financière du système bancaire allait être trouvée. Bon gré, mal gré. Or, là, le compte à rebours s’accélère, malgré les dénégations de Barack Obama – «J’ai confiance. Les députés travaillent encore à un compromis.» – ou du président américain, totalement discrédité: «Avec mes conseillers économiques, nous allons nous attaquer de front à cette crise financière.»

Le calendrier est en effet ce qu’il est: d’une part, les discussions entre les deux Chambres (Sénat et représentants) ne pourront reprendre que d’ici à jeudi prochain. Aujourd’hui et demain, les fêtes juives conduisent le Congrès à ne pas siéger. Et d’autre part, la date des élections américaines s’approche dangereusement, puisqu’elles se dérouleront le 4 novembre prochain et qu’il y a peu de chances que
le citoyen de l’Oregon ou du Wisconsin – qui, pas plus que l’Européen moyen, n’a désiré cette crise historique – change d’avis et accepte de payer une facture qui ne leur est pas imputable.

Or, ni les marchés internationaux ni même les citoyens américains ne se sont posé la question de l’absence d’intervention de Washington. Car sauvetage, il doit y avoir, au risque de connaître cette fameuse crise systémique dont on parle depuis des semaines. Le secteur financier privé dans son ensemble pourrait bien devoir, au coup par coup, intervenir dans l’urgence.

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Le plan contesté

Contribuables protégés

Le plan de sauvetage concocté par le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, et le président de la Fed, Ben Bernanke, consiste simplement à créer une structure étatique qui recueillerait toutes les créances pourries des banques américaines, au prix de 700 milliards de dollars.

Revente future
A l’instar de la Fondation de valorisation de la Banque Cantonale de Genève (5 milliards de francs), l’Etat espèrait ensuite revendre peu à peu ces créances douteuses, au meilleur prix. A perte, le plus souvent.

Prise de participation
Dans le cas américain, le gouvernement central, par emprunts sur les marchés financiers et hausse d’impôts, aurait pris des participations directes au capital, mais aussi aux profits des instituts bancaires bénéficiaires du plan (y compris les banques étrangères très engagées
aux Etats-Unis, dont UBS).

Fin des parachutes dorés
En contrepartie, Washington exigeait dans son plan de sauvetage que les entreprises et les banques n’accordent plus de parachutes dorés aux managers, qui, jusque-là, s’en sont allés avec des millions en poche. Quel que soit l’état dans lequel ils laissaient leur société. De même, les primes récompenses devraient être plafonnées.EE

La crise s’étend à l’Europe bancaire

Toute l’eau de l’Atlantique n’aura pas suffi à empêcher le feu américain de se propager
en Europe. Seuls les candides pouvaient y croire.

C’est donc désormais aux banques européennes de vaciller sur le champ de bataille de la crise. Avec en tête de liste l’établissement de banque-assurance belgo-néerlandais Fortis que les Etats du Benelux ont décidé de sauver dimanche en y injectant une somme de 11,2 milliards d’euros. Cette intervention étatique n’aura pourtant pas suffi à rassurer les marchés puisque le titre de la banque subissait à nouveau une sérieuse érosion dans la journée d’hier.

C’est sans doute que le cas de Fortis n’est pas isolé. Dexia, une banque franco-belge, annonçait hier dans la journée une réunion d’urgence de son conseil d’administration afin, selon son porte-parole, de «faire le point sur la situation financière internationale». En réalité, les observateurs s’inquiètent de la santé de cet établissement. Du coup, même si la France et la Belgique affirment être prêtes à l’aider en cas de besoin, le titre a glissé de 28,5% à la Bourse de Paris.

Plongeon d’une banque allemande

Cette contagion à l’Europe est à n’en point douter le signe d’une rupture de confiance. Comme si les multiples signes et actes d’encouragement envoyés par les gouvernements et les Banques centrales ne servaient pas à améliorer la situation, mais juste à éviter le pire. Sinon, comment analyser l’extraordinaire chute de la banque allemande Hypo Real Estate (HRE)? Sauvée par un conglomérat de banques allemandes et une ligne de crédit de 35 milliards d’euros, son titre a pourtant perdu 73,50% hier à la Bourse de Francfort.

Malgré son apparent manque d’effet immédiat, l’intervention des autorités est pourtant inévitable. Les Britanniques, qui ont nationalisé hier la banque Bradford Bingley dont les meilleurs actifs ont été cédés au groupe espagnol Santander, en sont convaincus. C’est la seconde fois que le Royaume-Uni vole au secours d’un établissement. En février déjà, il avait sauvé de la faillite la Northern Rock.

Même un pays comme l’Islande n’est pas à l’abri d’une déconfiture. Preuve en est que son gouvernement a racheté hier 75% de Glitnir, le troisième établissement du pays, pour 600 millions d’euros. Urgence identique du côté de la Banque centrale du Danemark qui s’est portée au secours de Roskilde et d’Ehb Bank.

Du coup, et même si leurs indicateurs fondamentaux ne sont pas mauvais, presque toutes les valeurs bancaires ont
dévissé hier. UBS abandonnait ainsi près de 13,57% à la Bourse suisse.

Mais si le feu s’étend aujourd’hui en Europe – le président français Nicolas Sarkozy a d’ailleurs appelé hier à l’organisation d’un sommet sur la refondation du système financier international –, il continue sa course aux Etats-Unis. Citigroup, pourtant durement touché par la crise du subprime, a repris les activités de la banque Wachovia grâce à l’aide des autorités ­américaines.

Sans plan de sauvetage, ces reprises à la sauvette risquent de se multiplier.

Source : La Tribune de Genève



30/09/2008
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