10.02.2009 - L'Environnement : Chasse à la pollution dans les pressings
La Rubrique – L’Environnement :
Chasse à la pollution
dans les pressings
Accusés d'être trop polluants, les
pressings vont devoir évoluer.
Leur priorité : limiter les émanations de
solvants avant de
développer de nouvelles techniques.
Le nettoyage à sec va devoir virer au vert, ainsi en a décidé le ministère de l'Environnement. Des contrôles menés fin 2008 auprès de 275 sites ont ainsi montré que moins d'un tiers d'entre eux respectait parfaitement la législation, tandis qu'un autre tiers était gravement en infraction. Pourtant les pressings emploient quotidiennement des produits dangereux et polluants. Conseils et explications pour un usage aussi écolo que possible du pressing.
1. Les dangers du perchlo
Utilisé comme détachant par plus de 95 % des pressings français, le perchloréthylène, ou «perchlo», est toxique pour le système nerveux et les reins en cas d'inhalation trop importante. Ses rejets sont nuisibles pour l'environnement et, pour couronner le tout, il est classé cancérigène «probable». Pourtant, en l'absence de preuves scientifiques suffisantes de ses effets cancérigènes, son remplacement n'est pas obligatoire. Résultat : les 5 000 pressings du pays continuent d'en dégager près de 8 200 tonnes par an.
Pourtant, dès 2002, une étude menée par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) pointait les menaces de contamination de l'air par le perchlo. De nouvelles mesures réalisées entre 2005 et 2007 ont enfoncé le clou, démontrant des risques neurologiques et rénaux préoccupants dans les logements situés au-dessus de pressings utilisant les machines les plus anciennes. «Dans la mesure où le perchloréthylène est utilisé en grande quantité et de façon très dispersée sur tout le territoire, nous suivons de près sa présence dans l'air», souligne Jacques Bureau, directeur à l'Ineris.
Au vu de ces risques et des mauvais résultats des contrôles effectués dans les pressings, la législation datant de 2002 va être renforcée dès cette année. Elle imposera des normes plus sévères sur les machines et des contrôles obligatoires tous les cinq ans par un organisme privé. «Certains auront du mal à se mettre à niveau, reconnaît toutefois Pierre Letourneur, président de la Fédération française des pressings et blanchisseries. Mais cette décision aura au moins eu un mérite, admet-il. Elle a réveillé la profession et obligé tout le monde à se poser des questions sur les produits utilisés.» Longtemps accrochés à l'usage du seul perchlo, estimant qu'il offre le meilleur rapport prix-sécurité-efficacité, les professionnels s'informent sur les nouvelles pistes.
2. Quelles alternatives ?
Peu présents en France, plusieurs procédés de pressings alternatifs sont déjà populaires à l'étranger, comme les solvants aux hydrocarbures en Allemagne ou les dérivés de silicone aux États-Unis. Dans l'Hexagone, c'est pour l'instant le nettoyage à l'eau qui est le mieux représenté. Il s'agit tout simplement d'une grosse machine à laver dotée d'une multitude de programmes. Une technique prometteuse mais pas 100 % efficace sur l'ensemble des taches et tissus. Pour bon nombre de professionnels, cette méthode va se développer plus comme un complément du nettoyage à sec que comme une voie de substitution.
Pour un vrai nettoyage à sec restent pour l'instant trois autres méthodes. L'usage de CO2 liquide est efficace et offre d'assez bonnes garanties écologiques (il est approuvé par l'Agence américaine de protection de l'environnement). Problème : il faut stocker le produit dans des récipients sous très haute pression, ce qui peut présenter un risque d'explosion. Plus classiques, de nouvelles machines utilisent des solvants dérivés du pétrole (le plus connu est nommé KWL) ou du silicone (le Siloxane D5 vendu sous le nom GreenEarth) et permettent une pollution et une toxicité inférieures à celles des pressings traditionnels. Mais là encore, des inconvénients persistent : ces deux produits sont inflammables (contrairement au perchlo) et l'on manque encore de recul sur leurs effets secondaires. Le solvant pétrolier reste un produit à manipuler avec précaution. Quant au second, d'aspect plus inoffensif, il n'a toujours pas obtenu de label écologique aux États-Unis. Le voisin canadien vient d'ailleurs de classer la substance «préoccupante pour l'environnement».