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10.10.2009 - Evénements : Barack OBAMA, Prix Nobel de la paix : Les raisons d'un choix

La Rubrique – Evénements :

 

Barack OBAMA,

 

Prix Nobel de la paix :  

Les raisons d'un choix

Barack Obama lors de son discours après avoir reçu le

Prix Nobel de la Paix.

Ironie de l'Histoire, Barack Obama a été récompensé d'un prix Nobel de la Paix, le troisième jamais attribué à un président américain en exercice, quelques heures avant une nouvelle réunion de son "conseil de guerre" sur l'Afghanistan, la cinquième en deux semaines. Ironie supplémentaire, l'attribution du prix a plongé la classe politique dans la discorde. Les républicains ont protesté que Barack Obama n'avait encore rien accompli et ne méritait pas de récompense. Les démocrates les ont accusés de réagir "comme les talibans et le Hamas".

 

Si le comité norvégien a cru bien faire en couronnant Barack Obama, moins d'un an après son élection, on ne peut pas dire que la Maison Blanche ait fait sauter les bouchons de champagne. Les premiers conseillers qui ont appris la nouvelle, à l'aube, ont cru qu'on se moquait d'eux, surtout après la douche froide de la semaine précédente, lorsque Chicago avait été éliminée au premier tour dans la compétition pour l'organisation des Jeux olympiques.

 

Les "plumes" du président ont mis plusieurs heures pour rédiger un discours susceptible d'éviter les écueils politiques alors que la machine républicaine, qui tourne déjà à plein régime sur la réforme de la santé et le "socialisme" présidentiel, bombardait les ondes de réactions outragées contre les démocrates et "leurs alliés de la gauche internationale". M.Obama a fait un discours de six minutes, respectueux de l'honneur fait à travers lui à l'Amérique et à ses valeurs fondatrices, mais sans effusion.

 

Pour mettre les événements en perspective, il a expliqué que ses filles lui avaient annoncé la nouvelle le matin, en ajoutant que c'était aussi l'anniversaire de leur chien. Il a dit qu'il acceptait avec une profonde humilité, ce prix qu'il ne "mérite pas". Habilement il a glissé qu'il était "le commandant en chef d'un pays qui a une guerre à terminer". Autrement dit, il ne se laisserait pas enfermer par un prix fut il consacré à la paix.

 

Tout aussi habilement, il a partagé son prix avec "la jeune femme qui marche en silence dans les rues bien qu'elle soit confrontée aux bastonnades et aux balles", une allusion transparente aux manifestantes iraniennes et à la jeune étudiante Neda, tuée à Téhéran; ainsi qu'avec "la dirigeante de l'opposition, assignée à résidence, parce qu'elle refuse de renoncer à son engagement en faveur de la démocratie", allusion cette fois à Aung San suu Kyi, sans toutefois désigner nommément l'Iran ou la Birmanie… En fin de journée, il a tenu la cinquième réunion de son conseil de sécurité nationale en deux semaines. Contrairement à mercredi où il avait été question du Pakistan, c'était cette fois au tour de l'Afghanistan. Ce ne sera pas la dernière réunion, a indiqué son porte-parole Robert Gibbs. La décision n'interviendra pas avant "quelques semaines". La gauche a abondamment relevé la coïncidence. "Un président qui commande deux guerres, en plein cœur du monde musulman, ne mérite pas de prix, surtout s'il réfléchit à une escalade", a dit le commentateur progressiste David Sirota.

 

La part d'encouragement à une diplomatie "pacifiste" n'a pas échappé aux faucons. Ceux-ci qui tiennent le comité du Nobel à peu près en aussi piètre estime que l'ONU s'en sont donnés à cœur joie et on a vu resurgir la traditionnelle méfiance à l'égard des Européens, qui cherchent à "castrer" l'Amérique, selon l'expression du héraut de la droite populiste Rush Limbaugh. "Obama n'est pas seulement le premier président post-racial. Il est aussi le premier président post-accompli, s'est-il moqué. Sa tête a tellement grossi que maintenant ses oreilles lui vont." A part son ancien rival John McCain, qui a rappelé que tous les Américains avaient lieu d'être "fiers" d'un tel honneur, les républicains ont critiqué le prix et tout autant le comité. Jamais Ronald Reagan n'a reçu le Nobel, a dénoncé le sénateur de l'Utah Orrin Hatch. "Et pourtant il est l'homme qui a mis fin à guerre froide". "Si les Européens voulaient faire quelque chose, pourquoi ne pas envoyer de troupes" en Afghanistan? a interrogé Aaron David Miller, spécialiste du Proche-Orient.

 

L'attribution du prix a aussi montré le fossé entre ceux qui pensent qu'il n'a réussi de percée sur aucun dossier, et ceux qui voient un changement radical. Zbigniew Bzrezinski, l'ancien conseiller diplomatique de Jimmy Carter, a estimé qu'en moins d'un an, Barack Obama avait "redéfini les relations de l'Amérique avec le reste du monde", "nettement amélioré son image", "fait une série de promesses pour tenter de résoudre certains conflits d'une manière non unilatérale" et engagé l'Amérique à poursuivre des buts "élevés" tels que la réduction des armements nucléaires. "C'est un accomplissement énorme", a-t-il dit à la chaîne PBS. Il a estimé que le Nobel donnait une "légitimité internationale" à sa politique et serait utile sur l'Iran ou la question palestinienne.

 

Un autre chercheur Walter Russell Mead, du Council on Foreign relations, a estimé que le Nobel montrait que les Etats-Unis avaient toujours "un rôle unique" dans la définition de l'agenda international. "Après la décision sur les Jeux Olympiques, Obama semblait avoir perdu la dynamique. De nouveau, il a l'air d'être l'étoile la plus brillante au firmament politique."

Source : Le Monde



10/10/2009
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