Almadina Concept

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13.12.2008 - Les Valeurs Ancestrales : IX - Sidna Mohammed, Sceau des Prophètes . Départ du Prophète pour Tâïf ... SUITE

La Rubrique – Les Valeurs Ancestrales :

 

IX – Sidna Mohammed,

Sceau des Prophètes

Départ du Prophète pour Tâïf

Suite …

Par : Mohammad Ibn Jarir Tabari

 

Les incrédules dirent: le moyen de

nous débarrasser de Mohammed et de ses

adhérents et des Béni Haschim, c'est de

cesser tout commerce avec eux, de

ne pas leur parler, de ne pas leur

 demander de femmes en mariage et de

ne pas leur donner nos filles; et ils s'en iront.

 Traduction : Association Al Imam AL BOUKHARI

Suite :

 

Toutes les tribus déléguèrent deux hommes, qui se réunirent dans la Mosquée et qui dressèrent en commun un acte dans ce sens, le signèrent tous et prirent pour témoins de cet engagement tous les habitants de La Mecque.

Ils suspendirent cet écrit à la porte du temple afin que tous puissent le voir et le lire. Les croyants furent tous du côté du Prophète et d'Abou Talib et tous les Qoraïschistes formèrent le parti opposé. Abou Lahab se joignit aux Qoraïschistes en se séparant d'Abou Talib. Cette mesure fut très pénible à Abou Talib, aux Béni Haschim et aux croyants. Aucun habitant de La Mecque ne leur parlait, ne leur vendait rien et n'achetait rien d'eux.

Il se passa ainsi sept ou huit mois. Alors fut révélée au Prophète la surate de «L'Etoile» (Sur.LIII). Il se rendit à la Mosquée où étaient réunis les Qoraïschistes et récita cette surate. Lorsqu'il fut arrivé au verset: «Que croyez-vous de Lât, d'Ozza et de Menat, la troisième? Auriez-vous des mâles et Dieu des femelles?» (Vers. 19 et suiv.). «Iblis» vint et mit dans sa bouche ces paroles: "Ces idoles sont d'illustres Gharâniq dont l'intercession doit être espérée". Les incrédules furent très heureux de ces paroles et dirent: «Il est arrivé à Mohammed de louer nos idoles et d'en dire du bien.

Le Prophète termina la surate, ensuite il se prosterna et les incrédules se prosternèrent à son exemple, à cause des paroles qu'il avait prononcées, par erreur, croyant qu'il avait loué leurs idoles. Le lendemain, Gabriel vint trouver le Prophète et lui dit : «O Mohammed, récite-moi la surate de L'Etoile». Quand Mohammed en répétait les termes, Gabriel dit : «Ce n'est pas ainsi que je te l'ai transmise; j'ai dit: Ce partage est injuste». (Sur. LIII. Vers. 22). «Tu l'as changée et tu as mis autre chose à la place de ce que je t'avais dit». Le Prophète effrayé, retourna à la Mosquée et récita la surate de nouveau. Lorsqu'il prononça les paroles: "Et ce partage est injuste", les incrédules dirent: Mohammed s'est repenti d'avoir loué nos dieux. Le Prophète fut très inquiet et s'abstint de manger et de boire pendant trois jours, craignant la colère de Dieu. Ensuite, Gabriel lui transmit le verset:

"Nous n'avons envoyé, avant toi, aucun apôtre, ni prophète, sans que Satan ait jeté quelque erreur dans sa pensée", etc. (Sur. XXII, vers. 51). Dieu rassura ainsi le Prophète. Les incrédules s'en éloignèrent de nouveau. L'aventure de la prosternation des infidèles s'était répandue en Abyssinie. On disait que les Qoraïschistes avaient cru en Mohammed et qu'ils avaient adoré Dieu, sauf Walid, fils de Moghaïra, qui, trop vieux pour pouvoir se prosterner, avait pris une poignée de terre et l'avait placée sur son front. En conséquence, quelques-uns des adhérents du Prophète qui étaient en Abyssinie revinrent, tandis que quelques-uns y restèrent jusqu'à la cinquième année après la fuite à Médine, jusqu'à la prise de Khaïbar. Un de ceux qui revinrent fut Othman, fils d'Affan; mais aucun d'eux n'osa entrer à La Mecque. Après avoir fait la conquête de Khaïbar, le Prophète envoya Amrou, fils d'Omayya, le Dhamrite, avec une lettre vers le Nedjaschi, pour lui demander de laisser partir ceux qui étaient restés en Abyssinie, et qui étaient au nombre de seize personnes.

Le Nedjaschi les fit partir pour Médine et envoya en même temps au Prophète des présents considérables: des étoffes du Yémen, des raretés d'Abyssinie, des armes, des esclaves et des jeunes filles, deux mulets de selle, une mule nommée Schahba et un mulet nommé Doldol et enfin deux belles jeunes filles coptes, dont l'une s'appelait Maria et l'autre Abkar. Le Prophète donna Abkar à Hasan, fils de Thabit, qui était son poète, et garda Maria pour lui. Il en eut un fils, nommé Ibrahim, qui mourut après deux ans. Hasan eut d'Abkar un fils, nommé Abderrahman. Lui, l'excellent, qui surpasse le nuage en générosité abondante, lui qui est le défenseur des orphelins et le soutien des veuves; lui qui est entouré des pauvres de la famille des Haschim qui trouvent chez lui de la pitié et des bienfaits, vous mentez, je le jure par le temple de Dieu, quand vous dites que nous le laisserons tuer sans combattre pour lui et sans nous servir de nos lances; que nous l'abandonnerons avant d'être tombés autour de lui et avant d'avoir perdu nos enfants et nos femmes. Les Qoraïschistes s'en allèrent, désespérant de rien obtenir d'Abou Talib.

Ils n'osèrent pas s'attaquer au Prophète, mais ils recommencèrent à tourmenter ses amis, ils voulaient rechercher tous ceux qui étaient croyants pour les faire souffrir et pour les tourmenter, afin de les ébranler ou de les faire mourir ou de les amener à renier l'islamisme. Cependant, n'osant pas diriger leurs efforts contre les principaux adhérents de Mohammed, comme Abou Bakr, Omar, Othman, Talha, Zobaïr, et Saâd, ils s'en prenaient aux croyants des classes inférieures et aux faibles et leur faisaient subir des tourments.

Quand ils en rencontraient quelqu'un seul, ils le traînaient dans une maison, le torturaient, l'accablaient de nombreuses violences et cherchaient à le faire renoncer à l'islamisme. Quant aux puissants, qu'ils n'osaient pas violenter, ils les insultaient, les traitaient de menteurs, les raillaient et leur crachaient à la figure. Ils en arrivèrent jusqu'à cracher à la figure du Prophète. L'homme qui cracha au visage de Mohammed fut Oqba, fils d'Abou Moaït, descendant d'Omayya. C'est à ce propos que fut révélé le verset suivant: "Alors le pécheur se mordra la main et dira: Plût à Dieu que j'eusse suivi la route avec l'apôtre, etc. (Sur. XXV, vers. 29 et suivi). Oqba était lié d'amitié avec le Prophète, mais il n'avait pas accepté l'islamisme. Quant le Prophète venait dans la mosquée, Oqba s'asseyait près de lui et l'écoutait réciter le Coran, qui lui plaisait.

Il disait alors qu'il n'avait jamais entendu de discours ni de poésie comparables à ces paroles. Le Prophète espérait qu'il deviendrait croyant. Oqba avait un ami, de la tribu de Djoumah, nommé Obayy, fils de Khalaf. Un jour, Oqba venant chez lui, Obayy ne lui adressa pas la parole et ne s'assit pas auprès de lui. Oqba dit: «Mon frère qu'ai-je fait pour que tu ne me parles pas?». Obayy lui répondait: «Tu as cru à ce Sabéen et tu as embrassé secrètement sa religion». Les incrédules donnaient au Prophète le nom de Sabéen. Oqba en jurant par Lât et Hobal répliqua qu'il n'avait point embrassé cette religion. «Je m'assieds, dit-il, de temps en temps auprès de lui pour écouter les beaux discours qu'il récite et qu'il prétend tenir du ciel».

Ces discours sont fort beaux. Maintenant, si tu veux, je ne m'asseyerai plus jamais auprès de lui, car je préfère ton amitié à sa société. Obayy, fils de Khalaf, dit: «Les Qoraïschistes prétendent que tu as embrassé sa religion, je me suis interdit de te parler et de vivre amicalement avec toi, à moins que tu n'ailles trouver Mohammed en public, alors qu'il se trouvera entouré de ses compagnons dans le temple et en présence de tous les Qoraïschistes réunis, pour l'insulter et lui cracher à la figure, afin que les Qoraïschistes sachent que tu n'es pas devenu l'un de ses spectateurs. Quand tu auras agi ainsi, je te parlerai. Oqba répliqua : «Je le ferai», il attendit un jour où le Prophète était assis dans la mosquée, entouré de ses compagnons.

Alors il vint, sauta par-dessus les épaules de ceux-ci pour s'approcher de Mohammed, lui cracha à la figure et s'en retourna auprès de ses amis. Le Prophète s'essuya la figure. Dieu lui avait donné la promesse qu'il le ferait sortir de La Mecque et qu'il lui prêterait assistance contre ses ennemis. Mohammed dit à Oqba : «Je fais à Dieu le vœu que si je te saisis en dehors de La Mecque, je te ferai couper la tête».

Plus tard, le jour du combat de Badr, le Prophète et ses compagnons, ayant remporté la victoire sur les incrédules de La Mecque, firent beaucoup de prisonniers. Lorsqu'on amena au Prophète ces prisonniers et parmi eux Oqba avec une corde au cou. Mohammed dit à Ali: «Allons, accomplis le vœu du Prophète de Dieu! Ali s'approcha, tira son épée et la brandit.
Oqba dit: «O Mohammed, si tu me fais mourir, qui soutiendra mes enfants après ma mort ?» Oqba avait beaucoup d'enfants et était pauvre. Le Prophète répliqua: «Ta place et la leur sont dans l'enfer; s'ils ne deviennent croyants, je les ferai tous mourir, et ils seront avec toi dans l'enfer».

Les incrédules devinrent plus ardents contre le Prophète et contre ses compagnons. Les croyants, en pouvant plus endurer cet état fâcheux, dirent au Prophète: «Nous pourrions bien nous défendre d'eux, car nous avons des parents et des hommes, mais nous t'en demandons l'autorisation. Si tu as encore de la patience, quant à nous, nous n'en avons plus. Autorise-nous à nous défendre; s'il faut combattre, nous combattrons». Le Prophète répliqua: «Je ne veux rien vous dire par moi-même avant d'avoir reçu l'ordre de Dieu». Pendant la nuit, le Prophète pria et Dieu lui envoya ce verset: "Patiente comme ont patienté les hommes résolus d'entre les apôtres". (Surate XLVI, verset 34) Mohammed récita ce verset aux croyants et leur recommanda la patience.

Mais leur situation devenant de plus en plus intolérable, à cause de l'hostilité croissante des fidèles, ils vinrent trouver le Prophète et lui dirent: «Il nous est impossible d'endurer plus longtemps les vexations, les peines et le mépris dont ces hommes nous accablent. Nous craignons de commettre quelque action ou de laisser échapper une parole que Dieu désapprouverait. Autorise-nous à quitter La Mecque et à nous rendre dans une autre contrée, jusqu'à ce que tu reçoives de Dieu la permission de faire la guerre». Le Prophète leur accorda cette autorisation en leur disant: «Allez dans l'Abyssinie dont les habitants sont chrétiens, possesseurs d'un livre sacré et plus rapprochés des musulmans que les idolâtres. Le Nedjaschi est un roi qui ne commet jamais d'injustice envers personnes». Alors une partie des compagnons du Prophète se rendit en Abyssinie, tandis que lui-même, avec Abou Bakr, Omar, Ali et d'autres restèrent à La Mecque, sous la protection d'Abou Talib.

Cette fuite celle-ci, et l'autre fut celle de Médine, qui eut lieu après la mort d'Abou Talib, et qui est appelée la grande fuite, accomplie par le Prophète et qui était obligatoire pour tous ses adhérents. La profession de foi de ceux qui ne le suivirent pas ne fut pas agréée. «Que veux-tu mon fils?». Mohammed répondit: «Il n'y a pas de Dieu en dehors d'Allah ». Abou Talib ferma les yeux de nouveau.

Le Prophète, au milieu de ses pleurs et de ses sanglots, dit pour la troisième fois: «O mon oncle, ô mon oncle! Abou Talib ouvrit les yeux et dit : «O mon oncle, ô mon oncle !» Abou Talib ouvrit les yeux et dit: «O mon fils, pourquoi t'affliges-tu tant?» Mohammed répliqua: «Si tu prononçais seulement une seule fois ces paroles: "Il n'y a pas de Dieu en dehors d'Allah», au jour de la résurrection, devant le trône de Dieu, je me détournerais de tous les hommes et me jetterais la face contre la terre et prierais et supplierais Dieu pour qu'il te sauve de l'enfer et pour que je te mène avec moi dans le paradis.

Abou Talib se mit à pleurer et dit : je sais que tu dis à la vérité ; mais je ne peux pas prononcer ces paroles, à cause du blâme des hommes, car, après ma mort, les Arabes dans leurs tribus, les habitants de La Mecque dans leurs réunions, et les femmes des Qoraïschites en filant et en causant ensemble diront Abou Talib a eu peur de la mort, et au moment de rendre l'âme, il a abandonné la religion de ses pères. Après ces paroles, Abou Talib ferma les yeux. Le Prophète pleurait et sanglotait et ne pouvait se soutenir. Abou Talib perdit la parole et ne fut plus en état d'ouvrir les yeux, tandis que Mohammed l'appelait toujours et murmurait : O mon oncle, ô mon oncle ! Enfin Dieu envoya Gabriel avec ce verset : "Certes toi tu ne dirigeras pas ceux que tu voudras ; c'est Dieu qui dirige ceux qu'il veut", etc. (Sur. XXCIII, vers.

56). Gabriel consola le Prophète, en lui disant: «O Mohammed, sois tranquille. Ton oncle était-il plus vénérable pour toi que le père d'Abraham le fut pour Abraham?». Lui aussi a fait beaucoup d'efforts, du vivant de son père et pendant son agonie, pour l'amener à sa religion, et n'a pas réussi, parce que ce n'était pas la volonté de Dieu et Abraham se résigne toi, ô Mohammed, comme ton père Abraham. Alors Mohammed se résigna et reconnut qu'il était trop tard. Lorsque Abou Talib perdit l'usage de la parole, le Prophète s'éloigna du lit et retourna dans sa maison. Lorsqu'il y fut arrivé, Abou Talib mourut. Ali vint auprès du Prophète et dit: «O apôtre de Dieu, ton oncle est mort dans l'égarement». Mohammed pleura puis il dit: «O Ali, va pour le laver et l'enterrer mais ne lui dis pas de prier pour lui ».

Le Prophète lui-même n'assista pas à l'ensevelissement ni à l'enterrement; il donna seulement ses ordres à Ali. Les théologiens et les docteurs de la loi tirent de ce fait un argument et disent: «Si un infidèle meurt, si c'est un homme considérable, on doit l'ensevelir. Si cet homme a un fils musulman, celui-ci doit se tenir près du lit au moment de la mort de son père et doit l'ensevelir, le mettre dans la tombe et se tenir au bord de la tombe, comme le Prophète a ordonné à Ali de faire pour Abou Talib». D'après une autre version, le Prophète lui-même serait allé jusqu'à la tombe d'Abou Talib, en suivant le corps. On rapporte que, après la mort d'Abou Talib, le commandement fut donné à Abbas, fils d'Abou L'Mottalib, qui était un homme indolent et sans fermeté et qui n'était pas en état de protéger le Prophète. Celui-ci fut en butte aux violences des Qoraïschites, qui lui lançaient des pierres et lui jetaient de la boue sur la tête. Un jour qu'il faisait sa prière dans la mosquée, au moment où il se prosterna la face contre terre, les infidèles ayant apporté une grande quantité de boue, la lui versèrent sur la tête. Mohammed avait des cheveux qui lui allaient jusqu'aux épaules; ses cheveux, sa tête et ses joues furent entièrement couverts de boue. Il se leva et s'en alla dans sa maison. Une de ses filles, en lui nettoyant la tête, pleura. Le Prophète lui dit: «O ma fille, ne pleure pas, invoque Dieu et aie patiente».

Ces choses arrivent quand on perd ses parents et oncles. Du vivant de mon oncle Abou Talib, personne n'a osé faire cela. Le Prophète supporta ces injures et ces outrages encore deux ans, en se conformant à l'ordre de Dieu: "Sois d'une patience parfaite", etc. (Sur. LXX, vers. 5-6). Ensuite, voyant son insuccès auprès des Qoraïschites et étant accablé de misères, il partit pour Taïf, il y a entre La Mecque et Taïf trois journées de marche, sur la route du Yémen. Taïf se compose de plusieurs villages très considérables, dont aucun ne possède une mosquée pour les réunions du vendredi. Il y a là un grand nombre de vergers, de champs cultivés et de vignes et beaucoup de ruisseaux et cette contrée, par son aspect riant et florissant, ressemble au Soghd de Samarcande. Les habitants de La Mecque doivent constamment avoir recours à Taïf, parce qu'il n'y a à La Mecque ni vigne ni arbre, ni fruits. Tous les fruits que l'on a à La Mecque viennent de Taïf, qui produit toutes les espèces de fruits du monde. Tout habitant de La Mecque, excepté ceux qui sont tout à fait pauvres, possède à Taïf une vigne ou un jardin, et pendant les trois mois de l'été, il ne reste personne à La Mecque, excepté les pauvres.

A cette époque, Taïf était gouvernée par trois frères: Habib, Masoud et Abd-Halil, fils d'Amrou Ben Omar de la tribu de Thaqif.
Le Prophète se rendit auprès d'eux, à pied, pour chercher à se faire accepter et protéger par eux contre les gens de La Mecque. Il alla trouver les trois frères et leur exposa sa situation. Je suis venu, leur dit-il, afin que vous croyiez en moi, que vous me receviez et que vous me donniez aide et protection contre les habitants de La Mecque. L'un d'eux répliqua: «Si tu es Prophète de Dieu, pourquoi nous demandes-tu assistance? ». L'autre frère dit: «Pourquoi Dieu, qui t'a chargé d'une mission prophétique, ne te protège-t-il pas?». Le troisième dit: «Si Dieu voulait charger un homme d'une mission prophétique, il aurait pu trouver, à La Mecque et à Taïf, quelqu'un qui n'aurait pas besoin d'aller de porte en porte pour demander protection; pourquoi n'a-t-Il pas donné cette mission à un chef de La Mecque, auquel personne n'aurait osé faire de l'opposition?».

Le Prophète fut ainsi éconduit par eux. Il est dit, dans les commentaires, que Dieu a révélé à leur intention le verset suivant : "Si du moins le Coran avait été révélé à un homme marquant des deux villes", etc. (Sur. XLIII, vers. 30) ; de même que cet autre verset: "Si on leur donne un signe, ils disent: «Nous ne croyons pas, à moins qu'on nous donne un miracle pareil à ceux qui ont été révélés aux apôtres de Dieu. Mais Dieu sait parfaitement où il place sa mission. (Sur. VI, vers. 124), Alors le Prophète leur dit:
«Puisque vous ne m'accordez pas votre assistance, au moins n'en dites rien à personne afin que je puisse retourner sans que l'on sache que je suis venu ici. Il ne voulait pas que les Qoraïschistes apprirent qu'il s'était rendu à Taïf pour y chercher aide et protection et qu'il n'avait pu obtenir. Mais les trois frères firent venir les jeunes gens de la populace de Taïf et leur dirent: «Chassez ce fou quoraïschiste de la ville pour qu'il n'y reste pas la nuit. Le Prophète, ayant fait la route à pied, était très fatigué  et lorsque ces jeunes gens le chassaient devant eux, il ne pouvait pas marcher mais ils le poussèrent, le frappèrent et lancèrent contre lui des pierres, dont une l'atteignit à la cuisse de sorte que le sang en coula.

Enfin, harassé de fatigue, abattu, exténué de faim et de soif et souillé de sang, Il parvint à quitter le territoire de Taïf. Le soleil était ardent et le Prophète, dans sa triste situation, s'assit pour se reposer et il pleura. Puis, craignant qu'un châtiment ne fondît sur les habitants de Taïf et ne voulant pas les voir périr parce qu'ils n'avaient pas cru en lui et qu'ils l'avaient accablé de mépris, il tourna sa face contre le ciel et dit : «O seigneur, ne les punis pas car ils ne savent pas que je suis ton Prophète!».

Près de l'endroit où le Prophète se reposait, il y avait une vigne appartenant à Otba et à Schaïba, fils de Rabï, de la famille d'Abd Schams, cousins de Mohammed, qui se trouvaient en ce moment dans leur vigne. Ils avaient appris que Mohammed était à Taïf, mais ils ne savait pas comment il avait été traité par les habitants et ils étaient restés dans leur vigne. Il y avait avec eux un esclave de Schaïba, un chrétien de la ville de Ninive, qui y avait été fait prisonnier. Ninive est une ville située vers la Syrie, elle était la patrie de Jonas. Cet esclave, nommé Addas, avait lu l'Evangile et le Pentateuque et pratiquait à La Mecque, le culte chrétien.

Otba, Schaïba et l'esclave étaient dans l'enclos car c'était l'époque des vendanges.
Le Prophète arrive à la porte de l'enclos et alla s'asseoir au bord d'une citerne, qui se trouvait là, pour se reposer et laver son pied, ses mains et son visage. Il ne savait pas à qui appartenait cette vigne. Otba et Schaiba, regardant de l'intérieur de l'enclos et voyant le Prophète assis au bord de la citerne, couvert de poussière, surent qu'il avait été chassé de Taïf.

Leur parenté avec Mohammed leur inspirait de la pitié pour son état et Otba dit à Schaïba: «Mon frère, voilà Mohammed assis à la porte de cette vigne; il vient de Taïf, pourchassé et épuisé de faim; envoie-lui quelque chose à manger, ils ne voulaient cependant pas se montrer».

Schaïba dit à l'esclave: «Tu vois cet homme qui est assis au bord de la citerne? C'est un magicien et un possédé; partout où il va, il est frappé et chassé par les hommes. Mais il est notre parent et il a faim; nous avons pitié de lui. Porte-lui un plat de raison, place-le devant lui et reviens sans lui parler car il pourrait te séduire et te faire perdre ta foi chrétienne». L'esclave vint, plaça le plat devant Mohammed et se tint devant lui, à distance, en le regardant. Le Prophète prit un raisin, et en ayant détaché un grain, il le mit dans sa bouche, disant: «Au nom de Dieu».

L'esclave lui dit : «O jeune homme, quelle parole viens-tu de prononcer ?». Depuis que j'ai quitté ma patrie, je ne l'ai pas entendue. D'où es-tu?», lui dit le Prophète. «De la ville de Ninive», répondit l'esclave. Le Prophète répliqua : «C'est la ville de mon frère Jonas, fils de Mataï. L'esclave lui demanda à son tour : «Qui es-tu et comment connais-tu Jonas?».

«Je suis un Prophète», répondit Mohammed, et Jonas fut Prophète, tous les Prophètes sont frères. L'esclave conversait ainsi avec Mohammed, tandis que Otba et Schaîba regardaient de loin. L'esclave dit ensuite : «Quel est ton nom ?». -Mohammed et Ahmed- «Es-tu cet Ahmed dont il est question dans l'Evangile?» Il y est dit que Dieu t'enverra aux habitants de La Mecque, qui te feront sortir de la ville; que Dieu te ramènera pour les soumettre par la force et que ta religion régnera dans le monde.

«Certainement», dit le Prophète. «Annonce-moi ta foi», dit l'esclave, car je te cherche depuis longtemps. Le Prophète lui présenta la formule de l'islamisme, et l'esclave en fit la profession, ensuite, il se précipita sur le pied du Prophète et le baisa. Mohammed mangea le raisin et s'en alla.
Taïf et qu'il en avait été chassé. Les habitants se concertèrent, en disant: «Puisqu'il est sorti de la ville, nous ne le laisserons plus rentrer». Abou Djahi prit pour cela l'engagement de toutes les tribus. Le Prophète, arrivé près de La Mecque, s'arrêta à Baït Nakhl, à la distance d'un mile de la ville. Il y passa la nuit, en priant, en récitant le Coran et en adorant Dieu, pour entrer le lendemain à La Mecque.

A Baït
Nakhl, sept «péris» vinrent auprès du Prophète et l'écoutèrent réciter le Coran. Lorsqu'il eut prononcé le salut final, ils se montrèrent à ses yeux.
Il leur présenta la formule de l'islamisme et ils firent profession de toi. Ensuite, le Prophète leur dit: «Allez trouver vos compagnons et appelez-les à la fois». Ils s'en allèrent et firent cet appel à leurs compagnons qui reçurent la religion musulmane comme il est dit dans le Coran: "Rappelle-toi comment nous avons fait venir une troupe de «djins» pour entendre le Coran", etc. (Sur. XKVI. Vers 28). Les noms de ces sept «péris» étaient: Hasaa, Masaa, Schad, Nass, Qasim, Ans et Aqdjam. Plus tard, lorsque le Prophète fut à Médine, ces sept «péris» se présentèrent devant Lui et Lui dirent: «Nos compagnons sont devenus croyants; ils désirent te voir et t'entendre».

Alors ils se réunirent tous dans la vallée des «djins», endroit situé à deux «parasanges» de Médine, vers le désert, où personne n'ose passer pendant la nuit, à cause de la terreur qui y règne. Tous les «péris», qui étaient devenus croyants, s'y réunirent, le Prophète leur ayant promis qu'il s'y rendrait, une nuit, auprès d'eux. Le lendemain de la conversion de ces sept «péris» aux portes de La Mecque, le Prophète voulant rentrer à La Mecque, l'un des croyants de la ville vint lui dire que les habitants s'étaient concertés avec Abou Djahl pour l'empêcher de rentrer. Mohammed reconnut qu'Il ne pourrait effectuer sa rentrée, sans la protection d'un personnage marquant. Il envoya donc cet homme vers Akhnas, fils de Schariq, homme considérable, allié des Béni Haschim, mais étranger à La Mecque, pour lui demander sa protection, afin de pouvoir rentrer dans la ville malgré le projet d'Abou Djahl. Akhnass répondit: «Je suis moi-même étranger à La Mecque et sous la protection d'un autre; il faut t'adresser pour cela aux citoyens de la ville».

Mohammed, ayant reçu cette réponse, envoya le messager vers Sohail, fils d'Amrou, l'un des principaux personnages de sa tribu. Sohaïl dit: «Ma tribu est moins nombreuse et plus faible que les autres et je ne peux pas protéger quelqu'un contre les Qoraïschistes».

Ensuite, le Prophète fit porter sa demande à Moutim, fils d'Adi, homme puissant dans sa tribu et allié d'Abou-Djahl et de son parti. Moutim fit dire à Mohammed qu'il Lui accordait sa protection, qu'il pouvait venir.
Le Prophète rentra à La Mecque. Le lendemain, il voulut se rendre à la mosquée. Abou Djahl et les Qoraïschites vinrent se placer à la porte de la mosquée. Moutim croyant qu'Abou Djahl prendrait les armes, s'y rendit avec les Abd Manaf, tous armés et le Prophète avec eux.

Abou Djahl pensa que Moutim et toute sa tribu avaient embrassé la religion de Mohammed et il lui dit : «Es-tu un de ses sectateurs ou son protecteur?» Moutim répondit : «Je lui ai accordé seulement ma protection», Abou Djahl répliqua : «Celui que tu protèges nous le protégerons également». Le Prophète entra dans la mosquée, fit les tournées autour de la Kaaba et accomplit deux inclinations; ensuite, il sortit. Il demeura dorénavant sous la protection de Moutim, dans la patience, jusqu'à ce qu'il se lassât des habitants de La Mecque.
Chaqu
e année, à l'époque du pèlerinage, le Prophète abordait les Arabes venus de tous côtés et leur proposait sa religion. Il espérait que quelqu'un d'entre eux croirait en Lui et l'emmènerait dans sa tribu, pour qu'il y pût adorer Dieu et qu'il fût déliré des gens de La Mecque et des Qoraïschites. Mais aucun de ceux à qui il s'adressait ne répondait à son appel; ou si quelqu'un croyait, il n'osait pas le recevoir, par crainte des habitants de La Mecque.

Il
se présenta aux Béni Kinda, qui formaient une tribu fort considérable et étaient d'une grande autorité parmi les Arabes; mais ils le refusèrent; les Béni Kelb et les Béni Hanifa et toutes les autres tribus firent de même.
Les Qoraïschites, de leur côté, postaient chaque année quelqu'un à Mina pour empêcher que personne n'acceptât la religion de Mohammed. Cet homme se rendait auprès de toutes les tribus arabes leur disant : «Il y a ici un fou, nommé Mohammed, qui a établi une religion nouvelle. S'il vient vers vous, ne le croyez pas et n'acceptez pas sa foi».

Voici ce qu'un homme de la tribu de Kinda a raconté: «Une certaine année, étant encore enfant, j'étais venu avec mon père pour le pèlerinage de La Mecque. Lorsque nous nous arrêtâmes à Mina, je vis un homme ayant une longue chevelure, beau de visage, se tenant en face de nous majestueusement, nous tenant des discours fort beaux, qui allaient au cœur des hommes et qui nous présenta sa religion, en nous appelant à Dieu et en nous détournant de l'idolâtrie.

Après lui vint un homme ayant une longue barbe, des cheveux noirs, l'œil louche, un manteau d'Aden sur les épaules, un homme si laid que je n'ai jamais vu son pareil et qui nous dit: «Prenez garde de cet homme qui est possédé et menteur; n'écoutez pas ses paroles et n'abandonnez pas votre religion!». Alors je demandai à mon père : «Qui est celui-là?». «C'est le fils d'Abdallah, fils d'Abdou L' Mottalib, il appelle les hommes à sa religion». «Et qui est l'autre?» lui dis-je. «C'est son oncle Abou Lahab, qui s'attache partout à ses pas et le fait passer pour un imposteur devant le peuple».

 

Source : Le Matin



13/11/2008
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